Entretien avec Dominique Rols, inspecteur du travail à Saint-Étienne et
responsable du Syndicat national unifié-Travail-emploi-formation.
Il n’existe pas
de température définie pour se retirer, ce qui est regrettable, mais on utilise la notion de danger grave et imminent. Si le salarié a le sentiment qu’il doit quitter son poste de travail, il
doit pouvoir le faire. S’il fait 30 degrés, et qu’il y a une fontaine d’eau à proximité, c’est un facteur qui modère le danger. J’insiste sur l’importance des institutions représentatives du
personnel, du CHSCT (comité d’hygiène et de sécurité) et des délégués du personnel : ils peuvent discuter avec l’employeur de la fixation d’une température acceptable, des amplitudes horaires
pour travailler quand il fait moins chaud, de pauses supplémentaires pour se rafraîchir ou se doucher, de l’installation d’une douche. Quand ces questions ont été discutées en amont, les salariés
ne se retrouvent pas désemparés devant l’apparition du risque chaleur.
Quelles sont les obligations de l’employeur pour protéger les salariés contre la chaleur
?
Dominique Rols. L’article L230-2 du Code du travail les oblige à assurer la sécurité et protéger la santé des
travailleurs, y compris contre les fortes températures. Dans le cadre de la prévention des risques, il devra évaluer les facteurs environnementaux et liés au travail (pas de protection contre le
soleil, chaleur dégagée par une machine), mais aussi les facteurs personnels, la tolérance à la chaleur du salarié. Mais peu d’employeurs anticipent ce risque : ils n’ont pas envie d’investir sur
un risque aléatoire. Et tant que les délégués ne prennent pas la question en charge en amont, on ne peut pas être vraiment efficace. La résolution du problème ne passe pas que par les agents de
contrôle, mais par l’appropriation par les salariés de la prévention des risques.
Quels sont les secteurs où ce risque est le plus grand ?
Dominique Rols. Le BTP,
mais aussi les industries où des machines dégagent de la chaleur dans les ateliers. J’ai fait une mise en demeure dans une entreprise du textile que j’avais visitée avec le CHSCT : faute d’une
ventilation adéquate, les températures y atteignaient des pointes de 45 degrés. Il faut considérer le risque chaleur en lien avec les autres risques : par exemple, j’étais ce matin dans une
entreprise où les salariés, qui ont trop chaud, portent des nu-pieds au lieu des chaussures de sécurité obligatoires. Le risque est également plus grand sur les chantiers qui emploient beaucoup
d’intérimaires, où la passation de consignes ne se fait pas correctement. (l'humanité).